« Quels sont vos 3 points forts et 3 points faibles ? » Avez-vous déjà entendu/posé cette question lors d’un entretien d’embauche ? A quoi cela sert-il ? Pourquoi nous-le demande-t-on souvent ? Pour mieux vous connaître ou juste pour changer l’ambiance de l’entretien ?
Assez souvent les gens répondent : "Je suis rigoureux, organisé, perfectionniste." ou autre chose du même genre. Nous répondons n’importe quoi en espérant faire une bonne impression. Comme s’il n’y avait que 5 ou 6 qualités qui existaient et bien sûr nous n’exposons jamais nos vrais points faibles. Au final, cette question tellement importante pour l’embauche et le travail au quotidien devient une banalité à laquelle nous ne faisons plus attention. Nous faisons des mauvais choix, mettons les gens sur les postes qui ne leur correspondent pas. Faute de temps et de suivi nous validons la période d’essai et il nous arrive, ensuite, d’en payer les conséquences.
Mais savez-vous qu’une personne qui utilise quotidiennement ses forces a 6 fois plus de chance d’être engagé et d’être épanoui dans son travail. Les équipes qui se concentrent sur leurs forces sont 12,5% plus productives (Gallup Strenghs Center).
Une méta analyse sur plus de 300 000 employés dans 51 entreprises a démontré que les employés qui utilisaient leurs principales forces quotidiennement étaient 38% plus performants alors que ceux qui restaient focalisées sur leurs faiblesses perdaient 27% de performance (Corporate Leadership Council, 2011). Par ailleurs, 44% des personnes pouvant faire office de leurs forces chaque jour sont plus loyaux envers les entreprises (moins de turn over) (Harter & al., 2002).
Mon ami proche, ingénieur informatique brillant, passionné par son métier, toujours de bon humeur et épanoui dans sa vie et son travail, a reçu une offre il y a quelques mois pour créer et prendre la tête d’une start-up avec un concept clé en main sans aucun risque. Une proposition qui ne se refuse pas. Il a hésité longuement car il n’était pas sûr que cela allait lui plaire, mais finalement il a accepté la proposition. Deux mois après je ne le reconnaissais plus. En face de moi c’était une personne profondément malheureuse, déprimée et emprise de doutes. Non parce que les affaires allaient mal, mais parce que tous les jours il faisait les choses qui n’étaient pas ces points forts. Il voyait les clients, faisait du marketing et de la communication. Il ne s’en sortait pas trop mal mais cela l’épuisait et de plus il ne faisait plus ce dans quoi il était très fort et ce qui le rendait heureux – coder ! Voilà l’erreur de casting ! Il ne pensait pas à ses forces pour faire le bon choix. Comme il était déjà bon dans ce qu’il faisait, la personne qui lui a fait cette proposition était sûr qu’il se débrouillerait bien en gestion de startup.
Cette histoire s’est terminée très vite, mon ami a décidé de quitter la startup pour faire les choses qu’il aime vraiment et se concentrer sur ces forces. Mais souvent nous n’avons pas vraiment ce choix, ou les conséquents sont trop importantes et nous avons déjà investi beaucoup de temps, d’argent et de santé.
Alors comment pouvons-nous éviter ce type de situation ? Assez simplement en choisissant des personnes en fonction de leurs forces et non pas seulement en fonction de leurs compétences et ou de l’expérience de passé.
Nos forces sont les capacités qui nous permettent de faire de notre mieux et qui nous font perdre de l’énergie ou de la satisfaction quand on ne peut pas s’en servir. Leurs opposés seraient les défauts, ou faiblesses qui peuvent créer des problèmes et qui doivent être pris en compte pour ne pas entraver nos succès de vie.
Et si c’est si facile, pourquoi ne le faisons-nous pas tout simplement ?
- De manière générale, les gens ne connaissent pas vraiment ces forces et ne savent pas les utiliser de manière efficace parce qu’ils n’ont jamais vraiment réfléchi sur le sujet.
- Nous sommes très concentrés sur ce qui ne va pas et nous essayons à tous prix d’améliorer nos points faibles. En s’épuisant, nous arrivons à faire les choses bien mais cela nous rend malheureux.
Au sein de la psychologie positive, le travail sur les forces a toujours eu un rôle central. Il permet de répondre à l’ensemble des facteurs arguant pour la performance (l’engagement permis par l’interdépendance entre le bien-être, les facteurs individuels et collectifs). En entreprise, Ilona Boniwell conseille cinq actions à suivre pour construire des organisations basées sur les forces : se concentrer sur les forces au lieu de vouloir améliorer les faiblesses, associer une tâche de travail avec les forces adaptées pour rendre les gens engagés, sélectionner et recruter les nouveaux talents sur les forces, « marteler » les forces pour motiver le changement de comportement, développer un langage partagée autour des forces pour améliorer le travail en équipe (Happiness and performance at work, à venir).
Si vous souhaitez en savoir plus sur les forces, vous pouvez lire : Ne confondons pas forces et compétences
Vous inscrire à notre parcours de formation : Praticien des forces
Proposer un atelier dans votre entreprise : Confiance au travail : reconnaitre et activer les forces en soi
Proposer une conférence : Les forces personnelles et l’engagement des salariés
Par Aleksandra Lacroix & Justine Chabanne, Positran
Pour aller plus loin :
Connelly,J. (2002). All together now. Gallup Management Journal, 2(1), 13–18. https://www.gallupstrengthscenter.com
Corporate Leadership Council (2002). Building the High Performance Workforce. Washington D.C.: Corporate Executive Board.
Harter, J. K., Schmidt, F. L., Asplund, J. W., Killham, E. A., & Agrawal, S. (2010). Causal impact of employee work perceptions on the bottom line of organizations. Perspectives on Psychological Science, 5(4), 378-389.
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