Une vie pleine de sens – par où commencer ?

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Par Larissa Kalisch

Depuis la dernière décennie, le sujet du sens de la vie (et aussi celui du sens du travail) est en expansion en termes d’explorations scientifiques et travaux pratiques. Sa définition et sa modélisation restent pour autant un défi. Il existe un consensus par rapport au fait que la notion de vie pleine de sens est très subjective et elle s’élabore à travers le langage (Bernaud, 2018). Baumeister (1991) décrit le sens de la vie comme le fait d’avoir le sentiment que sa vie a un but ou de sentir qu’on a une place dans le monde.

 

Le modèle tripartite de la vie pleine de sens permet de mettre des mots sur ce concept si difficile à définir. Il se définit à partir des trois dimensions suivantes :

  • L’importance : dimension évaluative, c’est-à-dire la valeur accordée à sa propre existence (la vie vaut la peine d’être vécue et elle peut avoir un impact sur le monde).
  • La cohérence : dimension cognitive, c’est-à-dire la compréhension des expériences vécues (le sens donné)
  • Le but : dimension motivationnelle, c’est-à-dire la présence d’objectifs clairs à poursuivre (orientés vers le futur).

 

J’imagine que si je vous dis « faites en sorte de remplir ces 3 critères mentionnés ci-dessus » vous allez me dire « D’accord, mais comment ? », et vous aurez tout à fait raison. Ce qui nous intéresse est de savoir comment faire pour mener une vie qui a du sens. Donc, la première question que vous devriez vous poser est : « Qu’est-ce qui donne sens à ma vie ? » L’idée est de réfléchir aux sources du sens de la vie.

 

Si vous rencontrez des difficultés pour y répondre, j’ai une astuce pour vous. Voici une liste de 12 sources de sens potentielles, dérivées des divers travaux.

 

  • Bonheur
  • Amis
  • Famille
  • Foi, religion
  • Réussites
  • Acceptation de soi
  • Développement personnel
  • Estime de soi
  • Justice / équité
  • Objectifs personnels
  • Intimité
  • Altruisme

 

Veuillez les classer en fonction de l’influence de chacun d’entre eux sur votre expérience personnelle du sens de la vie.

 

En tant que coach d’adolescents et de jeunes adultes, j’ai été particulièrement étonnée des résultats de l’étude menée par Lambert et al. (2010). 231 étudiants, dont 151 femmes, âgés entre 18 et 25 ans (médian 18 ans) à qui les chercheurs ont demandé de classer les 12 sources de sens selon leur importance subjective. Spontanément, j’aurais dit que les amis étaient la source primaire du sens pour les jeunes adultes alors que les relations familiales se sont avérées plus saillantes et omniprésentes chez ces jeunes. A tous les parents qui me lisent, sachez alors que vos relations avec vos enfants sont plus importantes que ceux-ci vous laissent peut-être pressentir . La famille était sur la première place, le bonheur en deuxième et les amis en troisième.

 

Comment peut-on expliquer ce résultat inattendu ? Pendant cette période de transition entre adolescence et âge adulte, qui est marquée par l’exploration et la formation l’identité et par conséquence d’instabilité, les jeunes adultes peuvent se tourner vers leur famille pour trouver une sécurité en ces périodes d’insécurité.

 

En relisant la liste des 12 sources de sens, ne pourrait-on pas y rajouter une 13ème source ? Pour moi, oui, celle du travail ou dans les plus jeunes années celle de l’école et des études. Sur une journée quotidienne, nous passons environ 8 heures soit au travail soit à l’école (compris devoirs), d’où l’importance de se questionner par rapport aux sens de l’école/ des études. Dans le monde d’aujourd’hui, caractérisé par l’insécurité, la consommation, la transformation perpétuelle, la perte de sens de l’école semble légitime. Les apprenants se posent des questions telles que :

  • « Pourquoi aller à l’école alors que même avec un Bac + 5 il n’est pas sûr de trouver du boulot ? »
  • « En suivant l’école, pourrais-je trouver le travail qui me fait envie ? »
  • « Quel sens il y a à étudier la chimie alors que je veux travailler dans le social ? »

 

Parmi les jeunes de plus de 15 ans en 2015, 13% ont interrompu leurs études secondaires (collège, lycée) avant la fin de leur formation initiale en 2015. Les jeunes entre 18 et 24 ans qui ne sont ni en emploi ni en formation (NEETs) représentent 19,8% en France en 2016, contre 15,3% de la moyenne des pays de l’OCDE (Cnesco, 2017).

Ces chiffres confirment la nécessité de travailler sur les questions existentielles avec les jeunes afin de les aider à trouver une vie pleine de sens. Et pourquoi ne pas aborder ce sujet en tant que parent, oncle, grande sœur ou grand-père si la recherche montre que la proximité des relations familiales est une source clé du sens de la vie ?

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