Définition
L’authenticité est « le fait d’agir en accord avec le vrai soi, de façon compatible avec les pensées et sentiments internes » (Harter, 2020, P.382). Jean-Luc Bernaud nous explique que l’authenticité a trois composantes clefs (Wood et al., 2008) :
- La vie authentique : adopter des conduites en conformité avec son état psychologique, ses émotions et ses croyances
- L’influence des autres : ne pas être dans la recherche de conformité avec les autres et leurs avis, ne pas trop être dans la suggestibilité.
- L’aliénation de soi : pallier à un manque de connaissance de soi (mes valeurs, mes émotions, mes ressentis intérieurs)
Pour gagner en authenticité, il faut donc accepter de prendre conscience de sa vie et de prendre le temps de la questionner. Cela peut s’avérer pour certains parfois douloureux. Mais pour autant, pour être authentique, il faut avoir du courage. Il faut un courage double : le courage de se confronter à cette question de sens et le courage de faire les changements pour gagner en alignement. Jean-Luc Bernard dit que c’est une véritable “tâche de l’existence” que d’apprendre à se connaitre pour s’asseoir dans son authenticité et pour vivre aligné avec ce que l’on est. Et Christophe André ajoute, que pour être vraiment soi-même, il faut être d’accord pour s’installer dans un combat quotidien entre :
- ce que l’on est (personnalité et héritage),
- ce que l’on voudrait être
- et ce que l’environnement nous pousse à être.
Authenticité & dire ce qu'on pense : synonymes?
Dire ce que l’on pense, c’est la sincérité. En politique, la parrêsia, “dire haut et fort ce que l’on pense” n’est pas pour autant un synonyme de l’authenticité. Ce n’est pas parce que c’est dit à voix haute que c’est un miroir de ce qui se passe à l’intérieur de soi. L’authenticité est à la limite entre l’émotionnel et le cognitif. Il y a un accord interne entre ce qui est ressenti, pensé et dit. Si cet alignement est présent alors ces deux éléments peuvent être synonyme. Bien que l’authenticité, terme aussi polysémique soit-il, impose cette révélation de ce qui se passe en soi et elle n’est jamais pleinement accomplie. Dans l’authenticité, li’mportance est d’accorder ses valeurs et ses conduites. Les conduites apparaissent chez l’enfant vers 13-14 ans : le fait d’être “cash”, plus soi même d’un enfant ne veut pas forcément dire qu’il est un accord.
L’authenticité, c’est un processus qui va s’établir tout au long de la vie.
L'importance du contexte
Connaissez-vous le “syndrôme de la chambre d’hôte”, très rencontré dans la crise sanitaire de la COVID 19. Ce syndrome est celui de l’envie de “quitter paris pour partir en Lozère élever des chèvres”. Il montre que l’on peut changer de système de valeurs en fonction d’un contexte. Notre authenticité ne peut être alors comprise que dans un contexte économique, social et sociétale particulier.
L'intérêt de l’authenticité
Alors que certains auraient tendance à chercher l’utilité de l’authenticité voir de prôner l’inverse dans certaines circonstances, la recherche a montré de nombreux effets positifs à l’authenticité :
- Diminue de la dépression
- Bonheur
- Satisfaction
- Satisfaction professionnelle
- Engagement
- Performance professionnelle
Eviter les pièges de l’authenticité
Dire ce que l’on pense et être vraiment ce que l’on veut être, est-ce vraiment possible ? C’est souvent une question que nous pose les personnes qui ont l’authenticité comme force.
Pourquoi ne pourrions pas être honnête? Nous redoutons que notre authenticité génère du conflit avec l’Autre. Les personnes honnêtes redoutent qu’elle entrave leurs relations et crée de la distance avec leurs proches.
L’inauthenticité, le “fait de porter un masque”, c’est aussi une question que l’on rencontre souvent dans les environnements organisationnels. En effet, certaines normes et règles tacites ou explicitent nous empêchent cette authenticité au péril de notre bien-être psychique. Pour le psychologue Jean-Luc Bernaud, les normes, les règles, les indicateurs de performance (KPI et autres) sont souvent des entraves à l’authenticité.
Quelles solutions avons-nous pour ne pas tomber dans ces pièges?
La solution résiderait dans le dialogue. Il faut pouvoir parler de ce que l’on est vraiment. Ce partage peut s’entreprendre grâce à la prise de conscience de nos forces par exemple.
Au travail, rechercher de l’authenticité. c’est chercher à être plus soi-même dans ce que l’on entreprend. On appelle cette pratique le job crafting : le façonnage de l’emploi. Cette méthode, travaillé par le Dr Amy Wrzesniewski et Jane Dutton en 2010, consiste à façonner son emploi à son image. On peut arriver à mettre plus de soi dans son travail sans pour autant perdre en performance : « Ce qui fait que les employés redéfinissent leur propre travail de différents façons qui renforce leur engagement dans leur travail, leur satisfaction au travail, leur résilience et leur motivation ». Lorsque l’on a identifié ses forces, nous pouvons nous demander si nous les mettons au service de nos tâches de travail. Les tâches de travail peuvent aussi être réfléchis en fonction des émotions que nous ressentons en les faisons et du sens qu’elles nous procurent. Pour être en phase, nos tâches doivent faire appel à nos forces, générer des émotions positives et faire écho au sens du travail pour nous. Ce travail, accompagné étape par étape, apporte des résultats épatants qui permettent à beaucoup de redécouvrir leur emploi différemment et pour beaucoup cela annihile leur envie de changer à tout prix d’emploi. Pour d’autres, l’écart entre la réalité du travail et leurs forces, émotions positives et sens est trop important : le changement de poste s’avère alors non plus être une obligation mais une nécessité pour plus de satisfaction au travail et d’engagement.
Remettre l’authenticité au cœur de son travail
Poussons l'authenticité encore un peu plus loin : la nécessite de Se confronter sa finitude pour avoir accès à notre authenticité
Eclairé par Heidegger, Jean-Luc Bernaud nous explique qu’ “être pleinement authentique, c’est accepté d’affronter la mort”. Cette confrontation complexe est essentielle car prendre conscience de sa finitude, c’est comprendre que l’on n’a pas un temps infini pour tout faire, il faut faire des priorités. La question revient alors à se demander : « Quoi faire alors pour soi et pour réinvestir sa vie? »
Pour Jean-Luc Bernaud, le confinement et la pandémie de la COVID nous a tous rapproché la mort mais aussi des privations de liberté, de la perte d’autonomie… Tout cela nous a confronté à beaucoup de questions existentielles. C’est alors l’heure de la remise à plat pour faire les choix qui nous correspondent : on a pu voir beaucoup de personne quitter leur emploi, leur ville…
Il existe, pour tous, des moments clefs de notre vie nous aident à faire ces bilans : devenir parent, connaitre un deuil, vivre un traumatisme, être à la retraite…
Des exercices pour explorer en profondeur son authenticité
L’authenticité peut se travailler tout au long de sa vie grâce à de nombreuses pratiques.
- On peut travailler d’abord une authenticité au quotidien à travers le théâtre, le cinéma, les romans.
- La psychothérapie (particulièrement la psychothérapie existentielle) est une aide pour travailler son authenticité.
- Le dialogue est aussi essentiel pour permettre l’authenticité de tous et travailler la notre.
Travailler l’authenticité dans sa vie : l’éloge funèbre
Découvrez cette pratique de la psychologie positive issue des 64 cartes d’actions positives pour renforcer son authenticité personnelle.
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De l'importance de l'authenticité de l'autre
A trop chercher son authenticité, son vrai soi, l’écueil pourrait être d’en oublier l’Autre. Et pourtant toute la beauté de l’authenticité réside dans le fait d’autoriser l’authenticité de l’autre. Il faut sortir que du Soi pour aller vers l’autre. Pour se faire, il faut donner la parole l’autre, prendre le temps d’écouter activement l’autre, développer son empathie en se mettant à la place de l’autre. C’est en étant capable de tout entendre, en travaillant cet accueil inconditionnel positif que l’on peut favoriser l’authenticité de l’autre. Pour être en mesure d’être authentique, de donner son avis et donner l’autre les clefs de lecture de sa réalité, il faut avoir trouver un espace sécure.
L’authenticité : un idéal à suivre
Vous l’aurez compris, l’authenticité ne peut jamais être atteinte complètement. Pour Jean Paul Sartre, la fiction est surement l’endroit où l’on peut être le plus authentique. Pour lui, c’est dans son roman “La Nausée que dans son autographie « Les maux » qu’il s’est senti le plus lui-même.
Nous finissons à nouveau avec les mots justes de Christophe André : « Lâcher son ego pour être au plus près de ses idéaux, ça prend souvent une vie entière. Les conflits d’authenticité sont toujours délicats à vivre. Ils sont parfois paralysants. Mais la vie n’est pas un long fleuve tranquille : les choses bougent. Un processus de changement va aussi s’opérer. Il vaut garder le cap et être soi-même, autant se faire que peux, tout au long de sa vie. »
Un article proposé par Justine Chabanne